Simon Morin

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Simon Morin
Biographie
Naissance
Décès

Simon Morin est un visionnaire français, prêcheur mystique se prenant pour le Christ, né à Richemont en 1623, près d’Aumale, en Normandie, brûlé vif à Paris en 1663.

Biographie[modifier | modifier le code]

D'origine modeste, il vient à Paris et entre comme commis chez le trésorier de l’extraordinaire des guerres. Ayant perdu sa place, il devient écrivain copiste et se lie avec les disciples de Pierre Guérin, chef d’une secte de visionnaires, poursuivie par ordre du roi.

Arrêté une première fois, il est relâché et demeure dans le voisinage de Saint-Germain-l’Auxerrois, chez une fruitière-cabaretière dont il épouse la fille. Il continue ses prédications, fait des disciples, est à nouveau arrêté le [1] et conduit à la Bastille, où il passe vingt et un mois.

À sa sortie de prison, il publie un livre sous le titre : Mes pensées, où il expose sa doctrine. Dénoncé par le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois, il est de nouveau emprisonné et ne sort de la Bastille, vers 1649, qu’après avoir abjuré ses erreurs. Quelque temps plus tard, il est enfermé aux Petites-Maisons, alors qu'il prétend que le Christ s’est incorporé en lui.

Pensées de Simon Morin (1647) .

Puis, sorti après une nouvelle abjuration, il recommence à prêcher, est repris, jugé par la cour du Châtelet et condamné à être brûlé vif comme hérétique (1662).

Le Parlement de Paris confirme cette sentence par arrêt du .

Morin est brûlé vif le lendemain, à l'âge de 40 ans.

Sa femme et son fils, arrêtés avec lui, sont bannis pour cinq ans, et quelques-uns de ses disciples condamnés aux galères.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Morin a publié quelques ouvrages :

  • Requête au roi et à la reine régente, mère du roi (1617, 8 pages).
  • Mes pensées (1647, in-8°)[2] ;

Il a laissé quelques manuscrits.

Postérité[modifier | modifier le code]

Louis Sébatien Mercier évoque, dans Le tableau de Paris, le supplice de Simon Morin comme « une épouvantable barbarie » : « Un philosophe courageux aurait sauvé la vie à Simon Morin, en démontrant la double démence des juges et de l'accusé. Ce philosophe ne se trouva pas »[3].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Pierre Niceron, Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres, t. 27, 1729-1745, 43 tomes en 44 vol. (lire en ligne), p. 36
  • « Simon Morin », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du grand dictionnaire universel, 15 vol., 1863-1890 [détail des éditions].
  • Paul Alphandéry, « Le procès de Simon Morin (1662-1663) », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 1, no 5,‎ , p. 475–490 (DOI 10.3406/rhmc.1899.4146, lire en ligne, consulté le ) Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
  • Claude Quétel, « Fallait-il brûler Simon Morin ? », dans La Vie, la mort, le temps, Presses Universitaires de France, coll. « Hors collection », , 369–378 p. (ISBN 978-2-13-045153-2, lire en ligne)
  • Bérengère Parmentier, « Radicalité et illégitimité », Archives de sciences sociales des religions, no 150,‎ , p. 57–76 (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.22153, lire en ligne, consulté le ) L’étude porte sur plusieurs cas d’écrivains (François Davant, Simon Morin, François Doches) qui se croisent à Paris autour de 1647 et s’engagent dans des pratiques d’écriture déviantes.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Pierre Niceron, Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres, 1729-1745 (lire en ligne), p. 39
  2. Simon MORIN, Au nom du Pere ... Pensées ... de Morin dediees au Roy. Naïfve&simple deposition que Morin fait de ses pensees aux pieds de Dieu, les soubmettant au iugement de son Eglise, etc, (lire en ligne)
  3. Louis-Sébastien Mercier, Le Tableau de Paris, FM/La Découverte, , 356 p. (ISBN 2-7071-1129-5), p. 342-343